mercredi 25 juin 2014

Dernier tableau, encore sans titre arrêté...

"Biche et Loup" 122/98cm. Acrylique, encres et pigments sur tissus.2014.

Détails dans l'onglet peinture.

jeudi 19 juin 2014

LE DESTIN DE L'HOMME SE JOUE PARTOUT ET TOUT LE TEMPS
Stig Dagerman

Parler de l'humanité, c'est parler de soi-même. Dans le procès que l'individu intente perpétuellement à  l'humanité il est lui même incriminé et la seule chose qui puisse le mettre hors de cause est la mort. Il est significatif qu'il se trouve constamment sur le banc des accusés, même quand il est juge. Personne ne peut prétendre que l'humanité est en train de pourrir sans avoir tout d'abord constaté les symptômes de la putréfaction sur lui même. Personne ne peut dire que l’être humain est mauvais sans avoir lui-même commis de mauvaises actions. En ce domaine toute observation doit être faite in vivo. Tout être vivant est prisonnier à perpétuité de l'humanité et contribue par sa vie, qu'il le veuille ou non, à accroitre ou a amoindrir la part de bonheur et de malheur, de grandeur et d'infamie, d'espoir et de désolation, de l'humanité.

C'est pourquoi je puis oser dire que le destin de l'homme se joue partout et tout le temps et qu'il est impossible d’évaluer ce qu'un être humain peut représenter pour un autre. Je crois que la solidarité, la sympathie et l'amour sont les dernières chemises blanches de l'humanité. Plus haut que toutes les vertus, je place cette forme d'amour que l'on appelle le pardon. Je crois que la soif humaine de pardon est inextinguible, non pas qu'il existe un péché d'essence divine ou diabolique mais parce que, dès l'origine, nous sommes en bute à une impitoyable organisation du monde contre laquelle nous sommes bien plus désarmés que nous ne pourrions le souhaiter. Or, ce qu'il y a de tragique dans notre situation, c'est que tout en état convaincu de l'existence des vertus humaines, je puis néanmoins nourrir des doutes quand à l'aptitude de l'homme à empêcher l’anéantissement du monde que nous redoutons tous. Et ce scepticisme s'explique par le fait que ce n'est pas l'homme lui-même qui décide en définitive, du sort du monde, mais des blocs, des constellations de puissances, des groupes d’État, qui parlent tous une langue différente de celle de l'homme, à savoir celle du pouvoir. Je crois que l'ennemi héréditaire de l'homme est la macro organisation, parce que celle-ci le prive du sentiment indispensable à la vie de sa responsabilité envers ses semblables, réduit le nombre des occasions qu'il a de faire preuve de solidarité et d'amour et le transforme au contraire en codétenteur d'un pouvoir, qui même s'il parait, sur le moment, dirigé contre les autres, est en fin de compte dirigé contre lui-même. Car qu'est ce que le pouvoir si ce n'est le sentiment de n'avoir pas à répondre de ses mauvaises actions sur sa propre vie mais sur celle des autres? 

Si, pour terminer, je devais vous dire ce dont je rêve, comme la plupart de mes semblables, malgré mon impuissance, je dirais ceci: je souhaite que le plus grand nombre de gens possible comprennent qu'il est de leur devoir de se soustraire à l'emprise de ces blocs, de ces Églises, de ces organisations qui détiennent un pouvoir hostile à l’être humain, non pas dans le but de créer de nouvelles communautés, mais afin de réduire le potentiel d’anéantissement dont dispose le pouvoir en ce monde. C'est peut être la seule chance qu'ait l’être humain de pouvoir un jour se conduire comme un homme parmi les hommes, de pouvoir redevenir la joie et l’ami de ses semblables.